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Le Mémorial de Murambi

 

 

Ce jour là, le Père Janvier nous a accompagné à Murambi.  C'est à cette occasion que j'ai appris qu'il était, lui aussi, un rescapé du génocide, mais de celui de Kibeho.  C'est après le génocide qu'il a décidé de devenir prêtre et de prêcher le pardon et la réconciliation.

Nous avons été guidés par Juliette Mukakabanda.  Juliette travaille au mémorial et elle a bien du mérite.  Elle est une des rares rescapées avec sa fille.  Elle a perdu là, son mari et ses fils.  Les membres de sa famille étaient parmi les 800.000 personnes présentes sur les listes des génocidaires.  Elle raconte aux visiteurs ce qui c'est passé, dans l'espoir que cela ne se reproduira jamais.

 

Juliette et le Père Janvier

 

Murambi est situé sur un plateau de la préfecture de Gikongoro, pas loin de Butare, sur la droite de la route de Cyangugu.
Le mémorial se trouve dans une école secondaire qui était presque terminée au moment du génocide. 
Un bâtiment imposant qui devait initialement servir de bâtiment administratif de l’école est devenu l'entrée du  Mémorial.

 Dès qu’on y entre, on est accueilli par l’histoire du drame. Sur le mur du couloir circulaire, sont exposés, coupures de journaux racontant le génocide, photographies macabres, extraits de discours de haine ayant conduit au drame...En français, en anglais et en kinyanrwanda.

Ce qui frappe, c'est la façon méthodique dont le massacre a été planifié depuis la période coloniale jusqu’à l’indépendance, et même après, par les pouvoirs successifs.
A l’extérieur à droite, des blocs rectangulaires ou carrés de béton. Ce sont des sépultures.  Y ont été ensevelis dignement 34.000 Tutsis massacrés à Murambi”.

A gauche, une des fosses communes d’où plusieurs corps ont été exhumés est clôturée. Derrière le bâtiment, des corps d’hommes, de femmes et d’enfants sont exposés dans 24 salles qui devaient être des salles de cours. On a conservé des corps entiers avec tous leurs membres, certains portent des cheveux. Mais tous présentent l’aspect d’un squelette.

On reconnaît des corps d’enfants, de femmes et de personnes âgées. Séchés simplement à la chaux, les corps sont disposés côte à côte sur des tables, ce qui dégage une odeur difficilement supportable. 1.200 corps ont été conservés depuis 1996 quand ils ont été exhumés.

Deux des salles qui servent de sépultures

 


Dans une salle qui aurait dû être le réfectoire des pensionnaires de l’école secondaire, des vêtements ayant appartenu aux victimes sont rangés sur des étagères.  Les massacreurs leur ôtaient leurs vêtements aux victimes après les avoir massacrés.

Derrière les bâtiments, il y avait encore des fosses communes d’où ont été extraits les corps des victimes”
Quand les soldats français sont arrivés, ils ont bien remblayé l’endroit et c’est sur les fosses communes qu’ils avaient installé leur terrain de volley-ball.  Quel manque de respect ! 

“Murambi est l’histoire de la façon dont périrent 40.000 hommes, femmes, enfants tutsis dans une école secondaire en construction, le 21 avril 1994”.  C'est ce qu'on peut lire sur le mur d’un couloir du Mémorial.

 

Les pancartes marquant les endroits d'un charnier et le terrain de volley des soldats français.

 


Quinze ans après le génocide, Murambi est une bourgade paisible qui s’efforce d’oublier l’horreur. Depuis le Mémorial, on aperçoit, par-dessus une vallée, la prison de Gikongoro.  Là, sont gardés les prisonniers du génocide. Ceux jugés par les Gacaca et ceux jugés par les tribunaux classiques.

Habillés en ensembles roses ou orange, ils font des travaux d’utilité publique. Sur la route de Gikongoro, de vastes champs de maïs, de riz et de manioc témoignent de l’effort de socialisation de ceux qui, hier, dans un accès de folie, ont massacré leurs semblables. 

Voir ces prisonniers aller et revenir des champs, en rangs, parmi une population dont ils ont massacré les familles et qui les ignorent, a quelque chose d'assez surréaliste.

 




 

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